Tout mur est une porte. Emerson

jeudi 13 août 2015

Expo Chine Ardente : Sculptures de taille triple XL !



Naissance de lin tianmiao

Mons est la capitale  européenne de la culture 2015. Dans ce cadre, il est organisé plusieurs expositions dont  l’expo Chine Ardente aux Anciens abattoirs de la ville belge. Cette expo regroupe les sculptures d’une  vingtaine d’artistes contemporains de l’Empire du Milieu. Ce sont des œuvres monumentales. Projecteur s’est  intéressé aux artistes femmes de cette expo. Leurs œuvres sont fortes et leur discours  intéressant.

De l’art en Chine, on connaît la peinture à l’encre et au pinceau et très peu la sculpture. Pourtant les Chinois pratiquent la sculpture depuis longtemps. En témoigne les Armées de terre cuite, ces sculptures de soldats en argile trouvées dans le Mausolée de l’Empereur Qin.

Dans l’expo Chine Ardente, non seulement les œuvres sont gigantesques mais en plus, ces artistes contemporains explorent  une diversité de matériaux allant des plus durs comme l’acier aux plus fragiles comme le verre. Et tous questionnent la Chine moderne, prise entre la frénésie du développement industriel uniformisant et destructeur et la nécessité de préserver  l’homme et la nature. 

Parmi ces artistes, il y a  bien heureusement des femmes. Ce qui contredit la vision machiste qui veut que cette discipline de «  casseurs de pierres » exige de la force et soit donc du domaine des hommes. Bien évidemment les hommes restent majoritaires dans cette expo mais la présence de ces femmes détonne.


Il y a Lin Tianmiao dont l’œuvre Naissance est une femme  nue  accroupie dans la position de celui qui  se soulage en rase campagne, elle pond des œufs de différentes volumes, une centaine œufs  disposés sur la pelouse. La tête de la femme est remplacée par un écran d’ordinateur, lui donnant un air de cyborg. L’artiste s’est  servi du moulage de son propre corps pour réaliser cette sculpture.

 Cette œuvre est inspirée d’une légende entendue dans son enfance et qui avait traumatisée l’artiste. Naissance  tente d’exorciser la peur qu’elle éprouva de devenir un animal non mammifère. On sait par ailleurs que la Chine est confrontée à un problème de démographie et  les naissances y sont  contrôlées et limitées. Alors, on imagine que Lin, par cette femme mi-humaine mi-robot qui pond autant d’œufs, questionne la maternité et le traumatisme lié à celle-ci dans un pays où il est à la limite interdit de procréer.

Il est intéressant de noter que pour un spectateur d’une autre culture, la lecture pourrait être tout autre. Ainsi pour nous, cette sculpture de femme pondeuse évoque la sorcière mangeuse d’âme dont on dit  qu’elle vole la nuit comme un oiseau pour aller prendre les âmes et qu’elle pond des œufs mous et incassables. 
 
L'Aabre de vie de Al Jin
A côté de Lin, il y a Al Jin, une artiste chinoise, écrivain et chanteuse qui vit à New York. Son œuvre, l’Arbre de vie, est constituée de milliers de baguettes ; un corbeau est posé sur une des branches. Le titre est ironique parce que c’est un arbre sans feuilles et le corbeau est un signe de malheur dans beaucoup de sociétés. Al Jin veut attirer l’attention sur la destruction des forêts par ces compatriotes. Chaque année des millions d’arbres sont abattus pour offrir des baguettes de bois aux Chinois.

Enfin, la troisième artiste est  Xian Jing et son œuvre  s’intitule Ton Corps. C’est une femme dans toute sa nudité. Mais une femme si gigantesque qu’elle écrase tout.  L’artiste se joue du prétendu érotisme du nu féminin en créant un nu qui ne l’est pas du tout. Effectivement le gigantisme de l’œuvre impose au spectateur un regard de respect  sur ce corps. Xian Jing n’utilisant pas de modèle, aucune femme n’a posé  pour créer ce nu monumental. 
 
Ton Corps de Xian Jin
On peut se demander, au vu de ces œuvres, s’il y a une sculpture féminine comme il y a une littérature féminine comme le veulent  les études de genre. Ce qui est certain, ce que la place de la Femme, de la maternité, du corps, du rapport à la nature sont des préoccupations de ces trois artistes. On ne parle bien que de ce que l’on connaît, en premier de soi-même.

Au sortir de cette monumentale exposition, on a le sentiment que la Chine s’est éveillée comme le prophétisait Alain Peyrefitte non seulement comme puissance économique mais aussi comme un potentiel premier centre de création artistique. Et Pékin pourrait être la future capitale mondiale de l’art.

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