Angèle Bassolé est poétesse et éditrice. Elle vit et enseigne à Ottawa. Riche de sa triple
culture, burkinabè, ivoirienne et canadienne, elle élabore une œuvre enracinée en
l’Afrique et ouverte sur le monde. De sa cabane au Canada,
cette Amazone de la plume nous parle de
sa fabrique de poésie.
L’Observateur Paalga (l’Obs) :
Y a-t-il un endroit et des moments
précis où vous écrivez ?
Angèle Bassolé :
Non, pas d’endroit précis; mais des moments, oui. J’écris toujours la nuit. Il y a 30 ans (eh
oui, car j’écris depuis que j’ai 11 ans même si je ne publiais pas encore et
mon premier poème a été publié quand j’avais 16 ans à Paris par Jeune Afrique.
Je militais avec mon frère aîné Benjamin dans la section ivoirienne de
l’association pour la libération de Nelson Mandela et c’est lui qui a envoyé le
poème au siège de cette association à Paris),
( l’Obs) : Ecrivez-vous sur des carnets ou
avec un ordinateur?
Angèle Bassolé :
J’écrivais au carnet. J’avais donc plein de cahiers de poèmes mais je les
déchirais ensuite. Quand Pacéré a su cela, il m’a demandé une fois de lui
montrer mes cahiers et il les a bloqués pour m’empêcher de les déchirer et m’a
confié avoir fait de même dans sa jeunesse et amèrement regretté ensuite. À l’époque, je n’avais jamais réussi à le
convaincre que je ne les déchirais
plus. Puis lorsque j’ai commencé à
écrire pleinement en publiant mon premier livre Burkina blues, j’écrivais au
carnet et je tapais ensuite. Mais maintenant, j’écris directement et l’écran
d’ordinateur m’inspire à présent bien plus que le carnet.
( l’Obs) : De quels ouvrages vous vous
munissez pour écrire ?
Angèle Bassolé : Je ne me munis d’aucun livre pour écrire mais
je vérifie par la suite certains détails comme lorsque je mentionne des faits
historiques pour l’acuité des dates, etc.
L’Obs :
Comment naît un livre chez
vous ? Quelle est l’étincelle
déclencheuse ?
Angèle Bassolé :
Je porte mes livres comme on porterait une grossesse. Et avoir eu la magnifique
grâce d’être mère m’a fait mesurer la ressemblance frappante entre ces deux
expériences uniques.
Je
les écris donc d’abord dans ma tête, dans mon corps, dans mon esprit, dans mon
âme; ça peut durer une, deux années et même plus ; je vis avec ça
longtemps, puis lorsque je me sens prête, je me mets devant mon ordinateur et
j’écris comme si on me le dictait.
Tout
peut déclencher l’idée d’un livre. Mon second recueil Avec tes mots (Prix Trillium de Poésie 2004 de l’Ontario) en
hommage à Norbert Zongo et à la liberté d’expression, je l’ai écrit depuis le
drame de Sapouy en 1998 mais ne l’ai publié qu’en 2003.
( l’Obs) : Racontez –nous la naissance de
votre dernier livre.
Angèle Bassolé :
Mon dernier recueil, Cantate pour un
Soleil libre, j’ai commencé à l’écrire en octobre 2009 ; je l’ai
achevé en 2011 mais je l’ai gardé car Yennenga,
le dernier de la trilogie Sahéliennes/Les Porteuses d’Afrique devait sortir au
même moment mais mon état de santé a retardé les corrections que je devais
faire depuis Ouaga ainsi que l’envoi avec les problèmes de connexion que vous
savez.
Yennenga
a donc été finalement publié en 2012 et comme je n’aime pas aligner sur le
marché tous mes livres en même temps, j’ai attendu jusqu'à maintenant pour Cantate, sorti en janvier 2014.
L’Obs :
Comment de temps dure l’écriture d’un
livre ?
Angèle Bassolé :
Je ne compte pas vraiment car pour la fiction, je n’écris jamais dans l’urgence
comme dans le cas des écrits académiques ou des chroniques
journalistiques. Je n’ai aucun deadline
dans ce cas-là et je me donne donc tout le temps voulu. J’aime aussi laisser le
livre déjà sur le marché faire son chemin en ne publiant pas le prochain
aussitôt, même si j’écris toujours.
Écrire
m’est vital. J’en ai besoin. C’est ma vie. Koom la Viim. Gulsgo mê yaa mam Viim. J’écris
pour rester VIVANTE!
L’Obs :
Quel est le dernier livre que vous avez
lu ou êtes en train de lire ?
Angèle Bassolé :
Mon dernier livre lu est <> de Saïdou Zemben’dé
Ouédraogo dit Papa Z. Celui que je suis en train de lire est la bande dessinée
<< Aya de Yopougon 1 >> de l’Ivoirienne Marguerite Abouet et de
Clément Oubrerie.
L’Obs :
Si vous devriez vous retrouver dans une île, quels sont les trois livres que
vous emporterez ?
Angèle Bassolé :
Ma Bible, mon Bréviaire et <> (Histoire d’une âme)
de Ste Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face dont je préfère la
version anglaise dans laquelle je l’ai lue la première fois.
Saidou
Alceny BARRY
Œuvres publiées
d’Angèle Bassolé
A.
POESIE
Burkina blues, Québec, Humanitas, 2000, 78 p.
Avec tes mots,
Ouagadougou-Ottawa, Sankofa-Malaïka, 2003, 105 p.
Sahéliennes, Ottawa, L’Interligne, 2006, 80 p.
Mulheres do Sahel, traduction
portugaise des Sahéliennes, Lisbonne, Europress, 2007, 72 p.
Les Porteuses d’Afrique, Ottawa, L’Interligne, 2007, 66 p.
Yennenga, Ottawa. L’Interligne, 2012, 64p.
Cantate pour un Soleil libre, Ottawa,L’Interligne, 2014,120 p.
B) Anthologies
<< A wonderful
World>>in Letters
from the Soul, New York, 2002, ISBN 0-7951-5160-8
<< The Border>> in Theatre
of the Mind, London, Noble House, Summer 2003.
Pas d’Ici, Pas d’ailleurs : Anthologie poétique
francophone de voix féminines contemporaines, Paris,
2012, Voix d’Encre, 336 p.
Writers from Ottawa, General Books LLC, 2013, 68 p.
A celle qui ne mourra jamais, Renaissance
africaine, Anthologie de poésie, Dakar, Feu de brousse, 2010
Je t’aime Haïti,Ottawa,
Vermillon, 2010, 256 p.
C) Chapitres de livres
«Les amazones de la paix» dans Femmes
africaines en poésie (sous la
direction d’Irène Assiba d’Almeida), Bremen, Palabres, 2002, pp.
127-134.
«Elle se souviennent, nous nous souvenons : la mémoire en exil» dans La parole mémorielle des femmes (sous
la direction de Lucie Hotte et de Linda Cardinal), Montréal, les éditions du
remue-ménage, 2002, pp.13-15 (texte d’ouverture : témoignage).
Les
Porteuses exilées, Femmes et exils (sous
la direction de Dominique Bourque et Nellie Hogikyan), Presses universitaires
de Laval, Québec 2011.