C’est le deuxième long
métrage de fiction du réalisateur guinéen Cheick Fantamady Camara après Il va pleuvoir sur Conakry qui avait eu
un succès d’estime. Ce film tente le
pari difficile de concilier cinéma populaire et cinéma d’auteur.
Morbayassa (Le Serment
de Koumba) est une
histoire de rédemption. Une chanteuse de cabaret, Bella, se bat contre la maffia locale pour retrouver
sa liberté et aller à la recherche de sa fille en France. Dès l’entame du film, le plan d’ouverture sur
le réseau routier qui tisse un nœud complexe d’échangeurs est suivi d’un second
plan sur le visage de Bella. Ce qui annonce
que sa vie n’est pas un long fleuve tranquille encore moins une ligne droite.
Le réalisateur guinéen, en bon cuisinier ayant
expérimenté avec succès des recettes dans son premier long métrage, les
reprend en les corsant un peu plus. Ainsi il mitonne un film avec une pincée de
bonne musique, quelques couches de détonations d’armes à feu, une histoire
d’amour à la Pretty woman et une
bonne dose de nus féminins…Des corps de belles filles quasi nues qui se
déhanchent de manière lascive.
Et il y a l’omniprésente poitrine de l’héroïne campée par la belle et
filiforme Fatoumata Diawara, deux mamelons
qui occupent l’écran de manière itérative. On peut dire que Fantamady
Camara invente là un cinéma qui consiste
à braquer la camera à hauteur de balcon !
Pourtant malgré ces appâts ou ses appas, le film n’évite pas
les longueurs. Cependant ce serait injuste de s’arrêter à ces petits
assaisonnements de maitre-queux pour juger de la qualité du plat.
Parce qu’il y a deux films en un. La première partie est un polar de
série B, la seconde partie est une
touchante comédie dramatique. En effet, Dès que Bella s’affranchit de la
maffia, le masque de la femme révoltée tombe et fait place à une mère qui se
lance à la recherche de sa fille en France. Comme des poupées russes, Bella s’efface pour
donner toute sa place à Koumba Tounkara.
Après donc « le cinéma facile » et racoleur de la
partie africaine qui exploite les 6 B (le Bling Bling, le Bang Bang et le Bunga
Bunga), il y a une sorte de lenteur qui s’installe dans la partie française. Le
rythme est synchrone de celui de Koumba qui foule avec précaution une terre qui
n’est pas la sienne et tente d’assembler
les pièces du puzzle. Beaucoup d’émotion dans le face-à-face entre la mère et
la fille. Deux plaques tectoniques qui ont dérivé dans des directions opposées et qui tentent de se ressouder.
Ce film a beaucoup plu au public du fespaco dans sa première
partie, c’est-à-dire celle qui est la
moins artistique et qui exploite les recettes du cinéma populaire. Avec ce long
métrage, Fantamady Camara veut plaire à un large public tout en articulant une
réflexion sur la société africaine. Difficile exercice qu’il ne réussit pas.
Ce
n’est peut-être dans ce grand écart qui tente de concilier cinéma populaire et
cinéma d’auteur que se trouve la survie du cinéma africain face aux
blockbusters d’Hollywood et aux séries télés étrangères mais simplement dans la
proposition d’un cinéma qui aurait quelque chose de singulier à montrer au
monde. En somme préserver sa singularité au lieu de se diluer dans les codes du
cinéma américain !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire