Aristide Tarnagda est un
comédien, metteur en scène et dramaturge burkinabè. Ses pièces sont jouées au Canada, en France,
au Mexique et en Afrique. Il développe un théâtre de la marginalité qui donne
la parole aux sans-voix (émigrés, chômeurs, loosers) à travers une écriture contemporaine
verte, sans afféterie et d’une grande poésie. Aristide Tarnagda nous explique
les secrets de la création dramatique.
L’Observateur Paalga
(l’Obs) : Y a-t-il un endroit et des moments précis
où vous écrivez ?
Aristide Tarnagda : J’écris où l’envie d’écrire me
prend. J’écris en jouant aux cartes. J’écris en répétant une pièce. Au
préalable je jette quelques mots sur des
bouts de papiers, sur mon téléphone ou mon ordinateur ou tout simplement dans
un coin de ma tête… Jusque-là je n’ai
pas encore écrit avec des ouvrages particuliers. Mais peut être avec leurs
échos. L’effet qu’ils ont produit en moi quand je les lisais. J’écris cependant
en écoutant de la musique (Salif Keita,
Faso Komba, Alif Naaba, le roudga « violon mossi», la musique bissa,
Toumani Diabaté…)
J’écris dans ma maison ou au café ou devant ma cour ou au grin (Ndlr : lieu de retrouvailles
d’amis) de thé ou de cartes…je n’ai pas un bureau ou j’écris. Pas encore.
L’Obs : Comment naît un livre chez vous ? Quelle est l’étincelle déclencheuse ?
Aristide Tarnagda : Il y a le moment où une idée, une
phrase, un personnage, des personnages, une histoire, un visage, une situation,
m’envahissent, me séduisent, m’interpellent, me draguent, puis finissent par
s’implanter et se fixer en moi. Prendre
vie. Forme. Visage. Couleur. Odeur. Puis ça commence à grossir. Je suis comme
possédé. Et ça grossit, ça grossit et ça grossit. Et à un moment, il faut que
ça sorte, que je me libère, que j’accouche. Alors je prends mon ordi et je me mets à expulser cette
histoire, ces mots, ces personnages, ces obsessions qui m’ont envahi …
L’Obs : Racontez –nous la naissance de votre dernier
livre.
Aristide Tarnagda : J’ai écrit Et si je les tuais tous madame ? en rencontrant et en
cheminant avec Lamine Diarra (Ndlr : un comédien malien qui vit en France).
Je voulais d’abord lui écrire une pièce pour qu’il joue puisse qu’il est
comédien. Et donc des questions
naissent : quoi écrire ? D’où ? Et je me suis ouvert à tous les
possibles. Me laisser envahir, posséder par une histoire, des personnages, une
parole à partager car le théâtre est
avant tout une histoire de partage. Et l’idée d'écrire le pendant de Les Larmes du ciel d’août est née en
moi. Lamine serait donc l’homme parti et qui a promis à sa copine de revenir
avec beaucoup de rêves pour améliorer leur vie….
L’Obs : Combien de temps dure
l’écriture d’un livre ?
Aristide Tarnagda : Comme je l’ai dit plus haut, il y a deux périodes dans mon acte d’écrire: il y a le moment de copulation avec les
idées, les histoires et les personnages. Cela peut durer une année, deux mois, ou quelques semaines.
C’est selon. Et il y a l’accouchement de
la matière transformée, teinte, peinte, et rêvée. Cela dure en général un mois
maximum. Puis il y a les soins qui suivent : il faut élaguer,
nettoyer…cela dure plusieurs mois…le temps des retours des amis et de la
disponibilité pour le nouveau-né…
L’Obs : Quel livre
êtes-vous en train de lire en ce moment ?
Aristide Tarnagda : Je suis en train de lire Baabou roi de Wole Soyinka après M’appelle Mohamed Ali de Dieudonné
Niangouna…
L’Obs : Sur une ile
déserte, quels sont les trois livres que
vous mettrez dans vos bagages ?
Aristide Tarnagda : J’emporterai avec moi Poésie,
art de l’insurrection de Lawrence
Ferlinghetti ; Village fou de Koffi Kwahulé et Quai Ouest de Bernard-Marie
Koltès
Pièces publiées de
l’auteur
Il pleut de l’exil et les larmes du ciel d’août/ écriture
d’Afrique/Culturesfrance/2007/théâtre
De l’amour au cimetière/ collection Récréatrales/ les découvertes du Burkina/
2008/théâtre
Alors, tue-moi et les larmes du ciel d’août/ collection Récréatrales/ les
découvertes du Burkina/2010/théâtre
Et si je les tuais tous Madame et les larmes du ciel d’août/ Lansman édition/2014/théâtre
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire