Histoire d’artistes est une collection de documentaires réalisée par Virginie Cordier. Un court métrage de la collection est consacré à l’artiste sculpteur belge Johan Muyle. Ce film introduit le spectacle dans les coulisses de la création, dans l’atelier du créateur et de suivre pas à pas le processus de création de ses œuvres.
Les artistes partagent avec les cuisiniers la coquetterie de cacher le lieu où ils travaillent. L’atelier comme la cuisine est soustrait au regard du public. Calme bloc ici-bas chu d’un obscur désastre disait Mallarmé de l’œuvre d’art. En effet, l’œuvre est présentée comme surgie d’on ne sait où, telle un aérolithe. Et ce parti pris de cacher l’atelier a eu pour effet d’aiguiser la curiosité du public pour cet univers secret de la création et de provoquer la certaine frustration de n’y être convié.
Histoire d’artistes rompt avec cette tradition du secret en poussant la porte de l’atelier de Johan Muyle. Celui du sculpteur belge est d’ailleurs farouchement défendu par son chiwawa dont les aboiements montrent qu’il n’est pas habitué de voir des intrus dans le laboratoire de son maître. Un atelier rempli d’objets, une véritable caverne d’Ali Baba. Des milliers de poupées et de figurines de famille et des bibelots ramenés des voyage à travers le monde entier : poupées russes, bonhommes indiens, pantins, boîtes à musiques et tutu quanti. C’est, explique Muyle, de la rencontre improbable de ces objets que naît le déclic, l’intuition d’une sculpture. Effectivement des assemblages de Muyle surgit une certaine poésie comme l’est « la rencontre fortuite sur une table de dissection d'une machine à coudre et d'un parapluie ! » qu’évoquait Lautréamont. Mais les sculptures de Muyle vont au-delà de la recherche du Beau, elles questionnent aussi notre humanité.
Ainsi la série de squelettes qui, dans des poses variées, évoquent les carnavals de la mort des Fleurs du Mal est une métaphore de notre finitude. Leurs costumes roses sont un clin d’œil aux tenues de détention des génocidaires Hutu, le crâne de l’un pris dans un sac plastique est inspiré de la technique d’étouffement utilisée les Khmers rouges pour économiser les balles. On reconnaît sur une sculpture la cagoule et la pipe du Commandant Marcos. Ailleurs, un écriteau sur un costume parle de la surveillance dont nous sommes l’objet dans une société qui ressemble de plus en plus à celle de Big Brother dans 1984 de George Orwell. En somme l’art de Johan Muyle porte l’empreinte des utopies et des atrocités de notre époque. Toutefois, il est plus un questionnement qu’une prise de position militante. Entre l’engagement artistique de Bataille et celui de Sartre, il choisit une position médiane.
Le film de Virginie Cordier, en plus de nous entrainer dans les cuisines de l’œuvre de Muyle, dessine en creux le portrait d’un homme de 56 ans. Le visage émacié en lame de couteau et les grandes oreilles font penser au personnage de Spock de la série américaine Star Trek. Le recours systématique à l’autoportrait, que ce soit sur ces sculptures ou sur les affiches géantes inspirées des affiches de Bollywood, questionne l’identité et la valeur de la pipolisation.
Par ailleurs, Johan Muyle brise les petites mythologies de l’artiste emmuré dans sa tour de Babel, sa solitude constituant le ferment de sa créativité. On le suit entouré de sa jeune équipe d’assistants composés de deux Geeks qui maîtrisent la robotique et l’informatique. C’est avec eux que s’élaborent les projets d’œuvres ; eux amènent leur fraîcheur, leur enthousiasme juvénile et leurs compétences pour donner forme aux idées et intuitions du maître. On le voit aussi, entouré d’amis et de proches. Un homme à l’aise dans sa communauté comme un poisson dans l’eau. En somme, « Humain, trop humain », dirait Nietzsche.
Histoire d’artistes est une collection pédagogique. En poussant la porte de l’atelier pour y introduire le spectateur, ce film lui donne les clefs de compréhension de l’artiste et de son œuvre tout en l’ouvrant à la compréhension du monde très complexe de l’art. Saidou Alceny Barry
Les artistes partagent avec les cuisiniers la coquetterie de cacher le lieu où ils travaillent. L’atelier comme la cuisine est soustrait au regard du public. Calme bloc ici-bas chu d’un obscur désastre disait Mallarmé de l’œuvre d’art. En effet, l’œuvre est présentée comme surgie d’on ne sait où, telle un aérolithe. Et ce parti pris de cacher l’atelier a eu pour effet d’aiguiser la curiosité du public pour cet univers secret de la création et de provoquer la certaine frustration de n’y être convié.
Histoire d’artistes rompt avec cette tradition du secret en poussant la porte de l’atelier de Johan Muyle. Celui du sculpteur belge est d’ailleurs farouchement défendu par son chiwawa dont les aboiements montrent qu’il n’est pas habitué de voir des intrus dans le laboratoire de son maître. Un atelier rempli d’objets, une véritable caverne d’Ali Baba. Des milliers de poupées et de figurines de famille et des bibelots ramenés des voyage à travers le monde entier : poupées russes, bonhommes indiens, pantins, boîtes à musiques et tutu quanti. C’est, explique Muyle, de la rencontre improbable de ces objets que naît le déclic, l’intuition d’une sculpture. Effectivement des assemblages de Muyle surgit une certaine poésie comme l’est « la rencontre fortuite sur une table de dissection d'une machine à coudre et d'un parapluie ! » qu’évoquait Lautréamont. Mais les sculptures de Muyle vont au-delà de la recherche du Beau, elles questionnent aussi notre humanité.
Ainsi la série de squelettes qui, dans des poses variées, évoquent les carnavals de la mort des Fleurs du Mal est une métaphore de notre finitude. Leurs costumes roses sont un clin d’œil aux tenues de détention des génocidaires Hutu, le crâne de l’un pris dans un sac plastique est inspiré de la technique d’étouffement utilisée les Khmers rouges pour économiser les balles. On reconnaît sur une sculpture la cagoule et la pipe du Commandant Marcos. Ailleurs, un écriteau sur un costume parle de la surveillance dont nous sommes l’objet dans une société qui ressemble de plus en plus à celle de Big Brother dans 1984 de George Orwell. En somme l’art de Johan Muyle porte l’empreinte des utopies et des atrocités de notre époque. Toutefois, il est plus un questionnement qu’une prise de position militante. Entre l’engagement artistique de Bataille et celui de Sartre, il choisit une position médiane.
Le film de Virginie Cordier, en plus de nous entrainer dans les cuisines de l’œuvre de Muyle, dessine en creux le portrait d’un homme de 56 ans. Le visage émacié en lame de couteau et les grandes oreilles font penser au personnage de Spock de la série américaine Star Trek. Le recours systématique à l’autoportrait, que ce soit sur ces sculptures ou sur les affiches géantes inspirées des affiches de Bollywood, questionne l’identité et la valeur de la pipolisation.
Par ailleurs, Johan Muyle brise les petites mythologies de l’artiste emmuré dans sa tour de Babel, sa solitude constituant le ferment de sa créativité. On le suit entouré de sa jeune équipe d’assistants composés de deux Geeks qui maîtrisent la robotique et l’informatique. C’est avec eux que s’élaborent les projets d’œuvres ; eux amènent leur fraîcheur, leur enthousiasme juvénile et leurs compétences pour donner forme aux idées et intuitions du maître. On le voit aussi, entouré d’amis et de proches. Un homme à l’aise dans sa communauté comme un poisson dans l’eau. En somme, « Humain, trop humain », dirait Nietzsche.
Histoire d’artistes est une collection pédagogique. En poussant la porte de l’atelier pour y introduire le spectateur, ce film lui donne les clefs de compréhension de l’artiste et de son œuvre tout en l’ouvrant à la compréhension du monde très complexe de l’art. Saidou Alceny Barry
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire