Les Soleils (2014) est le dernier
long métrage de fiction de Dani Kouyaté co-réalisé avec le Français Olivier
Delahaye. Ce film sur la transmission et la mémoire qui tient du conte, du
roadmovie et du biopic imaginaire était en compétition aux Journées
cinématographiques de Carthage (JCC 2014).
Après un long silence de plus d’une décennie, Sya le rêve du Python est sorti en 2001,
Dani Kouyaté nous revient en 2014 avec un troisième long métrage de fiction qui
creuse encore et toujours le sillon de la mémoire et de la transmission : Les
Soleils.
C’est l’histoire d’une jeune
fille amnésique, Dokamisa (Nina Mélo) que Soundjata, le fondateur du royaume du
Mandé confie au griot Sotigui (Binda Ngazolo) pour qu’il lui
transmette les faits importants de l’histoire. Le film suit les pérégrinations
de ce tandem autour des personnages historiques qui peuvent être considérés
comme des Soleils, des lumières qui éclairent le monde.
Road movie, le film chausse les bottes de sept lieues et
parcourt l’immense globe. Une Escale chez Voltaire, une halte à la présidence
du Faso pour écouter le Général Sangoulé Lamizana, une excursion dans la maison
de Hegel, une visite à la prison de Robben Island.
Conte, le film déroule un univers fantastique où les époques
se côtoient et les continents sont contigus, il suffit d’un pas pour passer du
21ème siècle au 13ème, de l’Afrique à l’Europe. Conte
initiatique, Les Soleils livre le
socle minimum de connaissances
historiques qu’un jeune du 21ème siècle doit savoir. D’où
l’impression par moment que le film est conçu pour le jeune public.
Biopic imaginaire de Sotigui Kouyaté, il est un hommage de
Dani Kouyaté à son père qui devient un personnage de fiction. C’est une ode à
la fonction du griot, à son rôle de
passeur et d’initiateur.
Ce troisième long métrage de Dani Kouyaté amalgame les
genres, traverse les miroirs, allant d’un monde allégorique où la vérité et le
mensonge sont des personnages à côté de figures historiques tels Mandela,
Tierno Bokar et Sotigui.
A la base de ce film, il y a l’intension louable de montrer
que l’Afrique est bien entrée dans l’histoire car ayant donné naissance à des hommes
d’autorité dignes d’être rangés à côté des philosophes européens. Les Soleils rappelle que ce continent à élaboré
une charte des droits de l’homme dès le 13è siècle, le Kurukan fuga.
C’est
important à l’heure des négationnismes et
de l’hégémonie du modèle civilisationnel occidental. Mais la démarche
artistique, parce que très éclectique risque de dérouter le spectateur habitué
à des films ayant un mode narratif plus convenu. Mais quelle que soit la
réception de ce film, il aura une place dans la cinématographie africaine.
Ce
quatrième long métrage confirme Dani Kouyaté comme un réalisateur qui se pense avant tout comme un griot moderne et qui se donne pour mission d’utiliser le cinéma comme un outil de transmission de
l’histoire. S’inscrivant dans la lignée de Balla Fasséké, l’ancêtre des griots
du Mandé qui, par sa voix et sa Kora,a transmis la légende de Soundjata Kéita. Dani
le fait avec ses images. Une même responsabilité mais à chaque génération
d’inventer ses outils. Ou ses armes miraculeuses.
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