Un spot publicitaire passant à la TNB nous demandait d’imaginer un jour sans presse. Nous avons joué le jeu, fermé les yeux, laissé gamberger notre imagination et franchement un tel jour, c’est le paradis ! Sans presse, sans pression, c’est le nirvana !
Imaginez que vous vous réveillez dans un monde sans journaux dans les kiosques, sans vendeurs à la criée aux feux, sans journaux télévisés, sans le scintillement de la lucarne bavarde dans votre salon et sans grésillement de la radio. Un jour sans presse ! Sans apprendre au réveil que Assad a tué une dizaine de syriens qui manifestaient paisiblement, sans lire qu’un dément a vidé son chargeur sur un bus d’écolier aux Etats-Unis, qu’un barbu s’est fait exploser avec sa bombe dans une mosquée, faisant des centaines de victimes, sans entendre que la crise financière va débarquer dans votre pays, sans avoir dans la gueule les images d’un camp de réfugiés somaliens avec de petits enfants , ventre gonflé, côtes saillantes agonisant devant les caméras, bref un matin neuf et sans tache qui ne vous fasse pas désespérer de l’humain, un matin sans atrocité qui vous retourne l’estomac et vous fiche une envie de dégueuler toute la journée, sans l’habituelle dose de pessimisme que les nouvelles du matin vous instille dans le cœur pour le restant de la journée.
Imaginez un silence radio toute la journée. Ouf, nos oreilles enfin en paix. Plus de vociférations des animateurs des radios FM qui nous raclent les tympans, finis les hurlements de bonimenteurs semblables à des cris de gorets que l’on égorge. Plus de zigotos qui déversent leur bile sut tout et rien, plus de carnet nécro, plus de communiqués peins de menaces de la Commune…en somme une journée pépère qui vous donne le sentiment que tout va bien au Faso.
Un jour sans subir la pesante présence de la télévision, c’est un pur bonheur à siroter à petits coups! Ne plus voir un journaliste baragouiner un français approximatif, truffés de fautes de langue indigne d’un élève de cours moyen lire un court texte d’une dizaine de mots avec des erreurs et dont le commentaire est démenti par les images : il parle du Faso, on y montre des images de Kuala Lumpur. Et surtout sans ses magazines de sport où une nymphette égrène un interminable chapelet de coupes de foot organisées par d’ obscurs députés, d’illustres inconnus ou des politiciens sur le déclin dans d’ obscurs patelins avec des gueux qui courent derrière le ballons comme des oies éclopées. Affligeant ! Sans être obligé de recevoir dans son salon, la présentatrice de la météo qui ronronne, minaude, se pavane sous tous les angles, les bras se tordant dans tous les sens tels des boas tout en mâchouillant des noms de villes et de pays de façon inaudible. Berk ! Et sans le 20H avec son immuable déroulé de séminaires, de symposiums, de sessions, de réunions, de rencontres qui se suivent et se ressemblent ; ne plus voir et entendre les mêmes hommes politiques, les mêmes de la société civile, les mêmes bonnets rouges, les mêmes bonnets blancs, les mêmes nu-tête. Un jour sans voir ni entendre l’omniprésent et l’omni-communicant gouvernement de LAT…. Hum ! Ceux-là, ils doivent avoir un don d’ubiquité pour être tous les jours sur le terrain et en avoir du temps de boulot pour nous sortir de la crise. A moins qu’ils utilisent des sosies pour jouer leur rôle devant les télés. Ou ont-il un studio de cinéma avec les paysages de tout le pays où ils tournent toutes les sorties de la semaine le dimanche avec des figurants et ensuite, pendant que nous les voyons sur le terrain à la télé, ils sont à carburer dans leur ministère ! C’est bien possible car la presse est une grande manipulatrice. Et sans voir la barbichette d’un opposant, sans entendre le tollé d’un syndicat. Bref, un jour sans avaler une couleuvre! Cet inventaire à la Prévert peut se poursuivre jusqu’à la fin du monde tant il semble commis par un chef de programme un peu pervers !
Et la presse écrite ! Plus de Nouvel Obs, ni d’El Pais ni de Tam-tam officiel. Aucun article pour orienter votre lecture des évènements, pour vous gauchir le jugement, vous faire voir le monde à travers des œillères. Vous allez à l’actualité, vierge et sans a priori. Quitte à ne rien piger à cet imbroglio d’évènements ! Surtout vous ferez l’économie d’articles dont la lecture vous fait d’habitude monter la moutarde au nez et vous donne des envies de meurtre, le désir de serrer le gosier de l’oiseau à plume qui a osé débiter des vérités qui ne sont pas les vôtres, donc de purs mensonges.
Mais un jour sans presse, c’est aussi un jour de liberté pour les journalistes eux-mêmes. Chaque jour, ces pauvres scribouillards sont contraints de trouver des sujets vaille que vaille. De courir le monde pour traquer l’info, la vraie, séparer le bon tuyau de l’intox, mâcher cette info pour faciliter sa digestion par un lectorat qui veut du prêt à consommer, etc. Et puis, les pauvres ! Ils ont beau faire un métier ingrat, qui ne donne ni villa à Ouaga 2000 ni 4X4 climatisée, ils se retrouver souvent face à des gens qui les traitent de tous les noms d’oiseau, d’autres qui leur tirent dessus comme s’ils étaient des canards sauvages ou qui les foutent au gnouf. C’est méchant ! Mais l’arbre ne doit pas cacher la forêt, il faut signaler qu’il y a de belles âmes qui nourrissent un amour vrai de la presse, qui adorent les hommes de médias quoiqu’ils haïssent un tout petit peu ce qu’ils écrivent. Comme ce ponte d’un parti politique du Faso qui « haime » tellement les journalistes qu’à la vue de la mauvaise qualité du papier journal, il leur a suggéré d’écrire sur leur dos. Et depuis, il y a des journalistes qui se sont mis au yoga et apprennent les postures de contorsionnistes pour écrire sur leur dos ; ceci pour faire plaisir à leur ami politique et à ses amis.
Donc, un jour sans presse, vous vous surprendrez à fredonner « It’s a wonderful word » d’Elvis Presley. Ce jour serait comme le retour à l’Eden, dans le jardin du paradis avant qu’Eve ne mordît dans la pomme et découvrît à l’intérieur un petit émetteur radio dont elle se mit à écouter les émissions, ce qui amena des ennuis et la fureur du jardinier barbu qui expulsa le couple d’auditeurs radio! Un jour virginal où vous pourrez vous asseoir et écouter la douce musique du… silence.
Mais d’un autre côté, si la presse se taisait un jour, le monde ayant horreur du vide, dame rumeur prendrait vite le relais et avec elle, c’est no limit. Ouaga pourrait bien se vider un beau matin de sa population à cause d’une rumeur sur l’imminence d’une éruption volcanique ou d’un tremblement de terre. Oui, tout le monde sait que la capitale n’est pas posée sur une faille tectonique mais avec la rumeur, on ne s’embarrasse pas de ses détails-là. Même si la presse fait quelques fois de petits arrangements avec la vérité, elle n’est pas une fabrique de mensonges comme dame rumeur. Par conséquent il faut mieux la prescrire que la proscrire. Alors que le Festival international de la liberté d’expression et de la presse (Filep) évite de pubs pareilles car ça pourrait donner des idées à..à…à…( autocensuré !).
Saidou Alcény Barry
Imaginez que vous vous réveillez dans un monde sans journaux dans les kiosques, sans vendeurs à la criée aux feux, sans journaux télévisés, sans le scintillement de la lucarne bavarde dans votre salon et sans grésillement de la radio. Un jour sans presse ! Sans apprendre au réveil que Assad a tué une dizaine de syriens qui manifestaient paisiblement, sans lire qu’un dément a vidé son chargeur sur un bus d’écolier aux Etats-Unis, qu’un barbu s’est fait exploser avec sa bombe dans une mosquée, faisant des centaines de victimes, sans entendre que la crise financière va débarquer dans votre pays, sans avoir dans la gueule les images d’un camp de réfugiés somaliens avec de petits enfants , ventre gonflé, côtes saillantes agonisant devant les caméras, bref un matin neuf et sans tache qui ne vous fasse pas désespérer de l’humain, un matin sans atrocité qui vous retourne l’estomac et vous fiche une envie de dégueuler toute la journée, sans l’habituelle dose de pessimisme que les nouvelles du matin vous instille dans le cœur pour le restant de la journée.
Imaginez un silence radio toute la journée. Ouf, nos oreilles enfin en paix. Plus de vociférations des animateurs des radios FM qui nous raclent les tympans, finis les hurlements de bonimenteurs semblables à des cris de gorets que l’on égorge. Plus de zigotos qui déversent leur bile sut tout et rien, plus de carnet nécro, plus de communiqués peins de menaces de la Commune…en somme une journée pépère qui vous donne le sentiment que tout va bien au Faso.
Un jour sans subir la pesante présence de la télévision, c’est un pur bonheur à siroter à petits coups! Ne plus voir un journaliste baragouiner un français approximatif, truffés de fautes de langue indigne d’un élève de cours moyen lire un court texte d’une dizaine de mots avec des erreurs et dont le commentaire est démenti par les images : il parle du Faso, on y montre des images de Kuala Lumpur. Et surtout sans ses magazines de sport où une nymphette égrène un interminable chapelet de coupes de foot organisées par d’ obscurs députés, d’illustres inconnus ou des politiciens sur le déclin dans d’ obscurs patelins avec des gueux qui courent derrière le ballons comme des oies éclopées. Affligeant ! Sans être obligé de recevoir dans son salon, la présentatrice de la météo qui ronronne, minaude, se pavane sous tous les angles, les bras se tordant dans tous les sens tels des boas tout en mâchouillant des noms de villes et de pays de façon inaudible. Berk ! Et sans le 20H avec son immuable déroulé de séminaires, de symposiums, de sessions, de réunions, de rencontres qui se suivent et se ressemblent ; ne plus voir et entendre les mêmes hommes politiques, les mêmes de la société civile, les mêmes bonnets rouges, les mêmes bonnets blancs, les mêmes nu-tête. Un jour sans voir ni entendre l’omniprésent et l’omni-communicant gouvernement de LAT…. Hum ! Ceux-là, ils doivent avoir un don d’ubiquité pour être tous les jours sur le terrain et en avoir du temps de boulot pour nous sortir de la crise. A moins qu’ils utilisent des sosies pour jouer leur rôle devant les télés. Ou ont-il un studio de cinéma avec les paysages de tout le pays où ils tournent toutes les sorties de la semaine le dimanche avec des figurants et ensuite, pendant que nous les voyons sur le terrain à la télé, ils sont à carburer dans leur ministère ! C’est bien possible car la presse est une grande manipulatrice. Et sans voir la barbichette d’un opposant, sans entendre le tollé d’un syndicat. Bref, un jour sans avaler une couleuvre! Cet inventaire à la Prévert peut se poursuivre jusqu’à la fin du monde tant il semble commis par un chef de programme un peu pervers !
Et la presse écrite ! Plus de Nouvel Obs, ni d’El Pais ni de Tam-tam officiel. Aucun article pour orienter votre lecture des évènements, pour vous gauchir le jugement, vous faire voir le monde à travers des œillères. Vous allez à l’actualité, vierge et sans a priori. Quitte à ne rien piger à cet imbroglio d’évènements ! Surtout vous ferez l’économie d’articles dont la lecture vous fait d’habitude monter la moutarde au nez et vous donne des envies de meurtre, le désir de serrer le gosier de l’oiseau à plume qui a osé débiter des vérités qui ne sont pas les vôtres, donc de purs mensonges.
Mais un jour sans presse, c’est aussi un jour de liberté pour les journalistes eux-mêmes. Chaque jour, ces pauvres scribouillards sont contraints de trouver des sujets vaille que vaille. De courir le monde pour traquer l’info, la vraie, séparer le bon tuyau de l’intox, mâcher cette info pour faciliter sa digestion par un lectorat qui veut du prêt à consommer, etc. Et puis, les pauvres ! Ils ont beau faire un métier ingrat, qui ne donne ni villa à Ouaga 2000 ni 4X4 climatisée, ils se retrouver souvent face à des gens qui les traitent de tous les noms d’oiseau, d’autres qui leur tirent dessus comme s’ils étaient des canards sauvages ou qui les foutent au gnouf. C’est méchant ! Mais l’arbre ne doit pas cacher la forêt, il faut signaler qu’il y a de belles âmes qui nourrissent un amour vrai de la presse, qui adorent les hommes de médias quoiqu’ils haïssent un tout petit peu ce qu’ils écrivent. Comme ce ponte d’un parti politique du Faso qui « haime » tellement les journalistes qu’à la vue de la mauvaise qualité du papier journal, il leur a suggéré d’écrire sur leur dos. Et depuis, il y a des journalistes qui se sont mis au yoga et apprennent les postures de contorsionnistes pour écrire sur leur dos ; ceci pour faire plaisir à leur ami politique et à ses amis.
Donc, un jour sans presse, vous vous surprendrez à fredonner « It’s a wonderful word » d’Elvis Presley. Ce jour serait comme le retour à l’Eden, dans le jardin du paradis avant qu’Eve ne mordît dans la pomme et découvrît à l’intérieur un petit émetteur radio dont elle se mit à écouter les émissions, ce qui amena des ennuis et la fureur du jardinier barbu qui expulsa le couple d’auditeurs radio! Un jour virginal où vous pourrez vous asseoir et écouter la douce musique du… silence.
Mais d’un autre côté, si la presse se taisait un jour, le monde ayant horreur du vide, dame rumeur prendrait vite le relais et avec elle, c’est no limit. Ouaga pourrait bien se vider un beau matin de sa population à cause d’une rumeur sur l’imminence d’une éruption volcanique ou d’un tremblement de terre. Oui, tout le monde sait que la capitale n’est pas posée sur une faille tectonique mais avec la rumeur, on ne s’embarrasse pas de ses détails-là. Même si la presse fait quelques fois de petits arrangements avec la vérité, elle n’est pas une fabrique de mensonges comme dame rumeur. Par conséquent il faut mieux la prescrire que la proscrire. Alors que le Festival international de la liberté d’expression et de la presse (Filep) évite de pubs pareilles car ça pourrait donner des idées à..à…à…( autocensuré !).
Saidou Alcény Barry
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